Futurs leaders — histoires d’enfants parrainés

LECTURE DE 15-MINUTES
Partout dans le monde, les enfants apprennent à s’exprimer sur le s problèmes auxquels ils font face. Aujourd’hui, la COVID-19 occupe tous les esprits. La pandémie n’a épargné aucun pays et s’est même ajoutée aux défis auxquels faisaient déjà face les enfants issus de régions vulnérables.

Mais ces enfants ne se laissent pas abattre.

Bien au contraire. Une nouvelle génération de leaders se forme parmi les enfants parrainés dans chacune de ces communautés. Ils sont pleins d’énergie, d’idées et d’espoir. Voici leurs histoires.
 
Tatenda du Zimbabwe

Un jeune garçon en t-shirt rouge et en short bleu est assis dans l’entrée de sa maison
Tatenda, jeune leader, appelle les dirigeants mondiaux à agir contre les changements climatiques qui ont aggravé les conséquences de la sécheresse sur sa communauté. Photo : Brianna Piazza


Tous les jours, avant ou après l’école, Tatenda prend environ deux heures pour aller chercher de l’eau pour sa famille au puits de forage de sa communauté. Ce ne sont pas des conditions idéales pour un jeune garçon de 13 ans, mais il tient à aider sa famille. Ce garçon au grand cœur fait preuve de la même solidarité envers ses camarades de classe.

À l’école, Talenda est un leader des jeunes. Il travaille avec ses camarades pour trouver des moyens d’améliorer leur école. Mais ils font face à plusieurs obstacles qui, selon lui, sont liés à la sécheresse qui a vidé les rivières et ruiné les cultures. Il ajoute qu’à cause de la sécheresse, les communautés agricoles comme la sienne sont en difficulté.

Par conséquent, certains enfants ne peuvent pas manger avant d’aller à l’école, ce qui les empêche de se concentrer et, à terme, les pousse à abandonner l’école. Il s’agit d’un exemple frappant de l’effet des catastrophes (qu’elles soient naturelles ou causées par l’homme) sur le développement à long terme d’une communauté. Il faudrait une action globale pour atténuer ces effets.

C’est pourquoi Tatenda appelle les dirigeants mondiaux à agir contre les changements climatiques et à venir en aide aux communautés telles que la sienne pour gagner en résilience face aux sécheresses qui deviennent de plus en plus graves et fréquentes. « Quand je serai grand, je veux être ministre pour aider les personnes touchées par des désastres comme la sécheresse et les inondations », dit-il.

Sarai du Honduras

Une adolescente avec un haut bleu et des lunettes sourit en regardant l’objectif
Sarai a recours à la musique pour renforcer sa communauté, la sensibiliser et célébrer la fierté des traditions du peuple autochtone Lenca. Photo : Jon Warren

Sarai adore construire. La jeune fille de 16 ans, qui veut être architecte, se dévoue pour renforcer sa communauté, appelée Yamaranguila. Son principal outil de développement communautaire? La musique.

Sarai et ses trois camarades sont des leaders étudiants exemplaires. Ils font partie d’un groupe de 35 membres qui œuvre pour représenter leur école et le peuple autochtone Lenca. Ensemble, ils jouent de la musique vivante et émouvante lors d’événements publics, et voyagent parfois même jusqu’à la capitale, Tegucigalpa, à environ 200 km de chez eux. Sarai, qui joue du trombone, décrit son groupe comme une métaphore de l’organisation communautaire et du travail en harmonie avec les autres : parfois, il faut jouer un solo et diriger le groupe; d’autres fois, il faut s’accorder pour jouer en chœur.

« J’espère qu’avec cette musique, nos élèves seront des agents de changement dans nos communautés », déclare Evaristo Menjivar, enseignant à l’Institut Lenca, l’école de Sarai.

La résilience communautaire commence avec les enfants et les jeunes. C’est pourquoi l’école de Sarai, située à Yamaranguila, est le lieu idéal pour en faire la promotion. Avec d’autres organisations, elle aide à faire revivre les vêtements, la nourriture et l’artisanat traditionnels pour renforcer le sentiment de fierté du peuple Lenca. De plus, les élèves apprennent à faire pousser des légumes dans des jardins potagers, tandis que d’autres jeunes suivent des cours dans des matières aussi variées que la finance et la mécanique automobile, pour leur assurer un avenir professionnel.

Edren des Philippines

Deux personnes, portant masques et gants protecteurs, discutent dans la rue. L’un d’eux est assis sur un vélo
Edren et son groupe Go Bikers prennent la route pour aider les personnes dans le besoin pendant la pandémie de COVID-19. Photo : Lanelyn Carillo


Edren, Dirigeant du conseil des jeunes, sait ce que c’est d’avoir mal au cœur. Son père et sa grand-mère ont tous deux succombé à une crise cardiaque. Selon lui, leur décès est dû au manque d’accès aux soins médicaux immédiats. Alors que les Philippines traversent la pandémie de COVID-19, il est déterminé à lutter contre de telles souffrances.

Avec deux de ses amis, Edren a lancé un projet appelé Go Bike en mars 2019. Ils travaillent pour fournir des services de santé de base aux habitants de sa ville natale de Pangasinan et aux communautés environnantes, et ils œuvrent pour la préparation aux catastrophes.

« Lors de la quarantaine communautaire renforcée, nous avons remarqué que la plupart des membres de notre communauté ne pouvaient pas se rendre dans les centres de santé pour effectuer un bilan de santé », explique Edren. « Il faisait près de 50 degrés Celsius et nous savions qu’il était vital de surveiller la tension artérielle des patients. Nos Go Bikers, qui ont été correctement formés et équipés, ont effectué une vérification et une surveillance de base des signes vitaux. » Ils ont pris leur température, mesuré leur tension artérielle, leur pouls, leur respiration et effectué des tests de glycémie.

L’accès aux services de Go Bike est simple : il suffit d’appeler ou d’envoyer un message texte à l’un d’entre eux pour lui demander de venir vous aider.

L’équipe a dû surmonter un certain nombre de défis, de la recherche de financement à la formation des bénévoles jusqu’aux risques médicaux liés à la COVID-19. Mais Edren persévère, car il sait que les efforts de Go Bike contribuent à atténuer l’impact de la pandémie mortelle.

« J’avoue que nous sommes chaque jour préoccupés par notre santé au travail. Mais les gens ont besoin d’aide », dit-il. « Nous portons donc des ÉPI (équipements de protection individuelle), nous nous lavons les mains religieusement, nous désinfectons notre matériel et nous nous maintenons en bonne santé. Ce sont nos règles d’or. Nous sommes pleinement conscients de ce qui risque d’arriver si nous ne les suivons pas. »

Fatou du Sénégal

Trois personnes sont assises devant des micros, autour d’une table, dans un studio de radioFatou, au milieu, participe à une émission de radio où elle donne des informations pour aider les enfants de sa communauté à se protéger. Photo : Alexandre Amadou Gassama

Fatou n’hésite pas à employer un discours franc pour lutter contre la menace de la pandémie COVID-19 — et les attitudes qui aggravent son impact. Le jeune leader de 21 ans issu de la communauté de Mabo, dans le centre du Sénégal, utilise la télévision, la radio et les médias sociaux pour sensibiliser le public à la COVID-19 et aider à protéger les enfants contre les préjudices en tous genres.

« Aujourd’hui, en raison de la propagation du coronavirus et de fausses informations, les gens se rendent rarement dans les centres de santé — en particulier les femmes qui ont besoin de visites prénatales et postnatales », explique-t-elle. « Cela expose les enfants, affaiblit leur système [immunitaire] et les expose aux maladies. »

Avec le soutien de Vision Mondiale, elle distribue des kits de lavage des mains et plaide pour une double démarche. Son objectif est de conjuguer le besoin immédiat de protection contre la pandémie avec la valeur à long terme d’une meilleure éducation sanitaire.

« L’éducation est un droit fondamental, tout autant que la santé », dit-elle. « Chers parents, à l’heure de la réouverture des écoles, apprenez les mesures [de distanciation] à vos enfants afin de les protéger du coronavirus. »

Mais chacun a un rôle à jouer. Elle demande à ses pairs : « Nous vous demandons d’éviter les contacts et les déplacements inutiles. Allez directement à l’école et rentrez directement à la maison. Bien qu’ils soient statistiquement moins affectés par la COVID-19, les enfants n’en sont pas tous épargnés. »

Amir de la Bosnie-Herzégovine

Une femme et un homme portant des masques protecteurs et des gants aident à emballer des articles dans un supermarché
Les volontaires de Vision Mondiale en Bosnie-Herzégovine aident à rassembler des fournitures à distribuer aux personnes dans le besoin pendant la pandémie de COVID-19. Photo : Nejra Baltes


La propagation rapide de la pandémie de COVID-19 a révélé que même les communautés les plus riches et les plus sophistiquées sur le plan technologique pouvaient être fragilisées. Mais dans le monde entier, les gens ont prouvé qu’ils étaient capables de se rassembler pour aider leur famille, leurs amis et autrui. Ainsi, une véritable communauté se construit. Auparavant ravagée par la guerre, la Bosnie-Herzégovine est l’un de ces pays où les enfants et les jeunes se battent pour un avenir meilleur.

Amir, qui fut autrefois un enfant parrainé, fait partie de ces jeunes. Il donne de son temps et de ses compétences pour aider les migrants, les réfugiés, les enfants et d’autres personnes qui ont été rendus vulnérables par la crise sanitaire.

En mars 2020, les équipes de Vision Mondiale en Bosnie-Herzégovine ont suspendu leurs activités régulières en faveur de la réponse à la pandémie. Amir et un groupe d’autres volontaires âgés de 16 à 25 ans sont intervenus pour aider. Ces jeunes distribuent en toute sécurité des articles d’hygiène, des emballages alimentaires et tous les médicaments nécessaires. Ils visitent également en toute sécurité des enfants handicapés et aident les enfants d’âge scolaire à faire leurs devoirs.

Grâce aux travailleurs de Vision Mondiale sur le terrain, ces jeunes leaders ont pu renforcer leurs compétences au fil des années. Mais leur motivation vient de la compassion pour leurs semblables.

En plus de soutenir ses voisins à travers la crise, Amir s’est engagé à venir en aide aux enfants locaux, pour construire une communauté solidaire et en santé. Aujourd’hui, il anime des ateliers pour enfants sur les compétences essentielles dans le cadre du programme de parrainage auquel il a appartenu.

Roslinda d’Indonésie

Une adolescente qui porte une robe bleue et des bijoux sourit à la caméra, assise sur une chaise en rotinRoslinda a eu la chance unique de s’exprimer devant les Nations unies. La jeune femme de 15 ans a profité de son temps de parole pour défendre les enfants qui ont eu moins de chance qu’elle. Photo : Yuventa Chang

Pour autonomiser des enfants, il faut avant tout leur permettre de se faire entendre. Roslinda, 15 ans, a eu l’occasion de s’exprimer devant les Nations unies en août 2020. Comme pour beaucoup d’autres à travers le monde, ses préoccupations portaient sur la pandémie du COVID-19 et son effet sur sa communauté.

Roslinda a parlé d’un rapport récemment publié par Vision Mondiale intitulé Unmasking the Impact of COVID-19 on Asia’s Most Vulnerable Children (« Démasquer l’impact de la COVID-19 sur les enfants d’Asie les plus vulnérables »). Le rapport a porté sur 26 269 personnes, dont 10 060 enfants, issus de neuf pays différents. Les résultats du rapport sont tristes, mais malheureusement, peu surprenants. Pour en citer quelques-uns :
 
  • 26% des personnes interrogées ont signalé des cas d’abus physique et psychologique d’enfants par des soignants
  • 61% des personnes interrogées ont déclaré que la pandémie avait affecté leurs moyens de subsistance
  • 5% des ménages faisaient face à des problèmes de santé mentale

Vision Mondiale a mené une étude similaire en Indonésie et a constaté, entre autres, que seulement 68 % des enfants avaient accès à l’enseignement à distance. Les enfants restants n’y avaient pas accès en raison de contraintes financières et d’un manque d’enseignants et d’équipement. Dans son discours à l’ONU, Roslinda a tenu à souligner l’importance de l’accès à l’éducation, notant que la baisse des revenus rendait l’accès à Internet de plus en plus difficile pour de nombreuses familles.

Cependant, Roslinda a également noté le problème de santé publique immédiat et a appelé les parties concernées à faire de la protection de la santé des enfants une priorité.

« En temps de pandémie, nous devons souvent nous laver les mains, mais toutes les régions n’ont pas accès à l’eau potable », a-t-elle déclaré. « J’ai de la chance, car même si je dois acheter de l’eau ou parcourir de longues distances pour en trouver, nos parents sont en mesure de fournir des installations pour le lavage des mains. J’espère que les parties prenantes pourront apporter des solutions à ce à quoi les enfants ont été confrontés pendant la pandémie. »

Avec des documents : du personnel Vision Mondiale