Une force à considérer : l’histoire de Sarafina

avr. 10, 2019
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Sarafina, âgée de 15 ans, habite à Pong-Tamale, une zone rurale de la municipalité de Savelugu dans la région du Nord du Ghana. Elle prône la fin du mariage des enfants dans sa communauté. Au Ghana, plus d’une fille sur cinq se marie avant l’âge de 18 ans, et 5 % d’entre elles avant d’avoir 15 ans.

Au Ghana, le mariage des enfants est accepté puisque certaines personnes croient que cela tient lieu d’expiation religieuse. De plus, selon les normes prédominantes liées au genre, la valeur des filles est moindre que celle des garçons. Elles sont donc vendues à d’autres familles. Finalement, la migration signifie que les familles peuvent considérer nécessaire de vendre leur fille pour garantir une stabilité économique, dans l’espoir qu’elle aura une vie meilleure. Heureusement, le gouvernement du Ghana s’est engagé à éliminer le mariage précoce et forcé des enfants d’ici 2030. Sarafina participe à ce changement.

Elle vivait avec sa grand-mère paternelle et ses deux jeunes frères et sœurs comme enfant inscrit de Vision Mondiale. Grandir dans une situation familiale difficile l’a motivée à encourager les jeunes filles de sa communauté à aller à l’école et y rester.

« Plus jeune, je me sentais seule, car j’étais témoin des disputes entre mes parents jusqu’à leur divorce. À quatre ans, ma grand-mère est venue nous rendre visite à Accra et je l’ai suivie jusqu’à Pong-Tamale. Après quelque temps, j’ai décidé de ne pas retourner à Accra. Même si je ressentais parfois l’absence de mes parents, ma grand-mère me donnait tout le soutien dont j’avais besoin. Cela m’a fait oublier le passé et m’a donné la force de me concentrer davantage sur mon éducation afin que je puisse mieux m’occuper de mes enfants dans le futur », raconte Sarafina.

Trois élèves portant des T-shirts où l’on peut lire « End Child Marriage Now » (Mettre fin au mariage des enfants maintenant).
Des élèves à Savelugu, au Ghana, apportent leur soutien à la fin des mariages précoces.

Durant le premier cycle de l’école secondaire, Sarafina est devenue membre du parlement d’enfants de Vision Mondiale, qui permet aux enfants de se faire entendre dans les débats publics et de demander des comptes aux figures d’autorité. Grâce à son travail acharné et son dévouement, les deux chambres ont accepté à l’unanimité qu’elle dirige le parlement d’enfants après le départ de son prédécesseur pour le deuxième cycle de l’école secondaire.

« Mon expérience en tant qu’enfant ayant connu une situation familiale difficile m’a appris à encourager les filles à ne jamais perdre espoir, mais à avoir de l’estime de soi afin de rester loin des hommes et dénoncer au parlement d’enfants tout abus fait aux enfants, surtout le mariage des enfants, afin que nous puissions en faire part aux autorités appropriées. Je vois les efforts de Vision Mondiale pour mettre fin au mariage des enfants comme quelque chose que nous devons appuyer collectivement. C’est pourquoi avec l’éducation et l’autonomie que Vision Mondiale nous a offertes, nous avons été capables de sauver plusieurs filles du mariage précoce. Elles sont maintenant de retour à l’école », explique Sarafina.

Elle poursuit : « En tant qu’enfants du parlement, nous éduquons les parents quant à l’importance de garder leurs filles à l’école plutôt que de les donner en mariage. Nous enquêtons aussi sur des cas de mariage d’enfants et avertissons les auteurs de ceux-ci. Après quoi, nous dénonçons et référons les cas aux autorités compétentes pour que des mesures soient prises. »

Sarafina mentionne aussi que, même si elle rencontre parfois l’opposition dans son travail de défense, elle ne se décourage pas. « Parfois, lorsque j’éduque les parents, ils me disent que je ne suis qu’une petite fille et que je ne peux pas leur dire quoi faire. Certains de mes amis se moquent aussi de moi en m’appelant “Fille trop connue”, mais cela ne me dérange pas », déclare-t-elle.

Sarafina croit que le mariage des enfants est la principale cause de violence envers les enfants dans sa communauté et qu’il doit en être éliminé, ainsi que dans son son comté. Nous ne pourrions pas être plus d’accord.

Un enfant tient une pancarte où l’on peut lire : « Le mariage d’enfants vole aux enfants leur potentiel et leur avenir. »
Un élève sensibilise les gens à Savelugu, au Ghana, où un événement était organisé par VMGhana afin d’aider les jeunes à se faire entendre pour influencer leur communauté à mettre un terme à la pratique du mariage d’enfants.