Préparer les adolescents à l’âge adulte au Salvador

mai 23, 2017
LECTURE DE 10-MINUTES
MOT DU PRÉSIDENT 

Photo ci-dessus : À San Miguel, Michael rencontre Edwin, 16 ans, qui lui raconte avoir été confronté à la violence des gangs de rue à l’école. (Photo/Michelle Siu)

C’est au Salvador que j’ai rencontré Edwin. Il était à peine plus jeune que mon propre fils, Aidan, et m’a parlé des choix difficiles auxquels il avait été confronté au secondaire. Comme pour beaucoup d’enfants de son âge, l’école était très importante pour lui, et il me rappelait Aidan, qui faisait face au problème épineux du choix de l’établissement où il irait après l’obtention de son diplôme.

Même si les garçons sont tous les deux investis dans leur scolarité, j’ai vite réalisé en l’écoutant que les obstacles auxquels Edwin se heurte pour pouvoir exercer un de ses droits fondamentaux sont bien différents de ceux de mon fils.

Le Salvador possède l’un des taux d’homicides les plus élevés au monde, hors zones de guerre, et c’est en grande partie dû aux gangs de rue. Comme plus d’un tiers de la population a entre 11 et 25 ans, ce sont les jeunes qui sont le plus directement affectés par la violence, et Edwin ne le sait que trop bien. Il nous confie comment il a dû choisir malgré lui entre son éducation et sa vie.

Après avoir fini sa scolarité au sein de l’école primaire voisine, Edwin a dû se rendre à une école secondaire située plus loin, car il n’y en avait pas dans sa communauté. Mais au Salvador, les quartiers sont délimités par les territoires des gangs, et changer de quartier signifie pénétrer dans le territoire d’un nouveau gang. Cette situation n’est pas rare. Tous les jours, des milliers d’enfants prennent des risques pour aller à l’école. 

Il n’aura fallu que peu de temps pour qu’Edwin se voie menacé par un gang : s’il traversait encore leur territoire, il serait tué. Sa famille savait que ces menaces devaient être prises au sérieux. Même s’il s’agissait du seul établissement qui pouvait l’accueillir, Edwin a dû arrêter d’aller à l’école.


Des croix vertes avec des fleurs blanches et roses disposées sur une colline avec des arbres.
À San Miguel, la capitale du Salvador, un cimetière rappelle que le pays porte le triste surnom de « capitale mondiale du meurtre ». (Photo/Michelle Siu)

Au Salvador, un enfant qui manque l’école risque bien plus que de perdre sa scolarité. Dans un pays miné par les violences criminelles et les hauts taux de chômage, les enfants qui ne vont pas à l’école sont souvent enrôlés de force par des gangs de rue. Ils encourent non seulement des dangers physiques et psychologiques, mais se voient lourdement limités dans leurs possibilités de trouver un emploi hors d’un contexte criminel. 

Je ne peux imaginer ce qu’a dû ressentir Edwin. S’il n’avait manqué que quelques mois, il aurait simplement pu redoubler son année, mais tout délai supplémentaire aurait dangereusement affecté son bien-être. 

Heureusement, Vision Mondiale travaille pour venir en aide à des jeunes comme Edwin, et c’est la raison pour laquelle je suis venu au Salvador. Grâce à un nouveau programme appelé Youth Ready (Jeunesse préparée), nous travaillons directement avec des jeunes qui ont dû arrêter l’école sous la menace. Au Salvador et au Honduras, nous offrons à des jeunes vulnérables des compétences essentielles, une éducation et la possibilité de créer des liens stratégiques pour leur permettre d’entrer dans le milieu du travail et de faire une transition tout en douceur vers l’âge adulte. À l’heure actuelle, Vision Mondiale travaille avec 391 jeunes, et nous nous attendons à ce que ce nombre atteigne 2 400 au cours de l’année 2020. Edwin a hâte que Youth Ready soit lancé dans sa communauté.

Vision Mondiale ne peut pas rendre son école à Edwin, mais Youth Ready peut lui permettre de combler les lacunes de sa scolarité. Nous voulons offrir aux jeunes comme Edwin le plus de chances possible de réussir, leur permettant d’évoluer dans un environnement sûr, où ils apprendront et grandiront.